Les grèves de Loire

Les grèves de Loire sont des milieux naturels caractéristiques des paysages de la Vallée de la Loire. Les grands bancs de sable et de vase accueillent une faune et une flore diversifiées et surtout adaptées aux conditions extrêmes de ces milieux.

Les caractéristiques du milieu

Les grèves sont des milieux mobiles au fil du temps et des années, largement liées aux variations de niveau d’eau et à la dynamique morphologique du fleuve. Ces formations de sables plus ou moins grossiers et de vases se retrouvent dans le lit du chenal principal de la Loire comme dans ses bras, et sont parfois liées à une île ou aux épis. Elles sont le résultat d’une accumulation de sédiments, se déposant au gré des processus de transport et de dépôt. 

Les grèves de Loire ont la particularité de ne pas être visibles toute l’année. Elles apparaissent principalement en été et au début de l’automne selon leur altitude, lorsque le lit en eau de la Loire se rétrécit, que l’eau se retire progressivement. Ce ne sont pas des habitats très stables, du fait des fortes variations des niveaux d’eau.

Ces milieux offrent ainsi des supports de vie éphémère dès l’abaissement du niveau d’eau, l’été. Faune et flore spécifiques doivent chaque année réaliser une partie ou leur cycle de vie pendant ce temps très court d’exondation.

greve sableuse dans le lit principal de la loire saint george sur loire

Plus à l’aval, en se rapprochant de l’estuaire, la vase remplace le sable et les grèves ont alors une toute autre capacité d’accueil d’habitats et d’espèces. Ni grèves sableuses de l’amont, ni vasières de l’estuaire, ces milieux soumis au marnage sont bien particuliers. Nous sommes dans une zone de transition, dans le secteur fluvio-maritime.

La biodiversité des grèves de Loire

La flore

Certaines plantes, dites spécialisées et pionnières, profitent chaque été de l’exondation des grèves pour s’installer en toute hâte sur le sable chaud plus ou moins recouvert de limon et riche en phosphore et en azote. En plus de devoir résister à de fortes températures, ces petites plantes annuelles ont un accès à l’eau limité. Le développement de ces végétations sera très variable selon l’humidité du sol et le substrat.

Pour supporter les rudes conditions qu’offrent les grèves de Loire, chaque plante pionnière a ses spécificités d’adaptation : port étalé, feuillage réduit pour éviter l’évapotranspiration ou encore des feuilles charnues pour optimiser le stockage de l’eau. Elles profitent également de l’absence de concurrence végétale pour se développer.

Chénopodes, persicaires, bidents, souchets ou encore pourpiers… Ce sont ces petites espèces prostrées ou couchées qui profitent des conditions particulières des habitats de grèves.

Les habitats d’intérêt communautaire

Certains habitats sont classés d’intérêt communautaire de la directive « Habitat » de Natura 2000. C’est par exemple le cas de l’habitat « Chenopodion rubri du lit de la Loire». Cette description phytosociologique correspond à des communautés végétales pionnières du lit mineur de la Loire constituées de plantes évoquées juste avant.

Zoom sur des espèces protégées

La Pulicaire annuelle (Pulicaria vulgaris) bénéficie d’une protection nationale. L’espèce est rare en France mais se maintient encore dans de nombreuses localités en Pays de la Loire, généralement aux abords des grandes zones humides. Elle peut également être observée dans les prairies humides pâturées ou les bords de mares mais affectionne particulièrement les milieux pionniers de la Loire.

Pulicaria vulgaris, la Pulicaire annuelle dans la Boire du Rateau à Saint Mathurin sur Loire
Pulicaria vulgaris, la Pulicaire annuelle dans la Boire du Rateau à Saint Mathurin sur Loire

Plus à l’aval, lorsque la vase remplace le sable, une rupture peut être observée dans la végétation. Au niveau floristique, le Scirpe triquètre ainsi que l’Angélique des estuaires sont observés, ce qui n’est pas le cas lorsque les grèves sont essentiellement constituées de sables. Ces deux espèces sont protégées au niveau national.

Angelica heterocarpa, l'Angelique des estuaires
Angelica heterocarpa, l'Angelique des estuaires

L’Angélique des estuaires est l’une des rares espèces végétales endémiques de la France métropolitaine. Cette grande Ombellifère affectionne les hauts de berges et ne fleurit généralement qu’une fois au cours de ses 3 à 4 années de vie.

Schoenoplectus triqueter, le Scirpe triquetre à Saint Sebastien sur Loire © GIP Loire Estuaire
Schoenoplectus triqueter, le Scirpe triquetre à Saint Sebastien sur Loire © GIP Loire Estuaire

Le Scirpe triquètre préfère les espaces sans concurrence des bas de berges, là où les vases s’exondent à chaque marée. C’est une espèce rare en France.

La faune

Les petites plantes pionnières ne sont pas la seule forme de vie à s’installer sur les grèves. Plusieurs espèces d’oiseaux les utilisent pour nicher à même le sol, telles que les sternes naines, les sternes pierregarin ou encore les petits gravelots. Les œufs se confondent avec le sable et les graviers. Cette technique peut être efficace pour éviter les prédateurs mais ne permet pas d’éviter les promeneurs et autres visiteurs des grèves qui dérangent ces espèces, sensibles aux perturbations, voire détruisent les œufs.

Sterna hirundo, Sterne pierregarin © Louis Marie Preau
Sterna hirundo, Sterne pierregarin © Louis Marie Preau
Couvée de Sterne sur une grève sableuse © Jean Paul Gislard
Couvée de Sterne sur une grève sableuse © Jean Paul Gislard

En plus des espèces qui nichent directement sur le sable, certains oiseaux viennent également s’y nourrir ou s’y reposer.

Bien d’autres espèces sont accueillies sur ces milieux pionniers contraignants. Parmi elles, des cortèges d’invertébrés originaux et nécessairement adaptés : Insectes, araignées, crustacés, mollusques, myriapodes (mille-patte). Encore mal connues, nous savons pourtant que certaines espèces ne sont observées que sur ces milieux. 

Arctosa cinerea ©Floriane-Karas GRETIA
Arctosa cinerea ©Floriane-Karas GRETIA

La Lycose cendrée (Arctosa gr cinerea),est une espèce d’araignée qui affectionne les milieux sableux et notamment les grèves sableuses de la Vallée de la Loire. 

Menaces liées aux usages

Les grèves sont dépendantes de la dynamique fluviale, la capacité du fleuve à remodeler son lit, à transporter ses sédiments mais aussi aux variations de niveau d’eau au fil des saisons. Ces milieux pionniers restent sensibles aux aménagements qui contraignent la liberté du fleuve et la vie qui s’y installe est sensible aux crues tardives de fin de printemps sans oublier le piétinement et toutes les interventions humaines en période de basses eaux.

Les espèces exotiques envahissantes sur les grèves

Les espèces exotiques envahissantes poussent en nombre sur ces habitats naturels : Bidents, Lampourdes exotiques, Paspale, Jussie ou encore Aster lancéolée. Plus ou moins envahissantes selon les cas, certaines font maintenant partie du paysage. Les grèves étant des milieux riches en azote et en phosphore, elles s’y installent facilement.

Symphyotrichum lanceolatum, L'Aster lancéolé © CEN Pays de la Loire
Symphyotrichum lanceolatum, L'Aster lancéolé © CEN Pays de la Loire
Xanthium orientale, la Lampourde exotique © Sylvie Varray FCEN
Xanthium orientale, la Lampourde exotique © Sylvie Varray FCEN
Bordure de Paspasle en haut de berge © CEN Pays de la Loire
Bordure de Paspasle en haut de berge © CEN Pays de la Loire

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